Iprosarude encourage des consultations prénatales pour prévenir les malformations congénitales

Sous diverses formes, les malformations congénitales sont une réalité au Burundi. Certaines d’entre elles sont prévisibles lors des échographies, d’autres ne sont remarquées qu’à la naissance. Selon Dr Thierry Nshimirimana, Responsable Centre Medical Espoir de Kayogoro,Makamba  de l’Association Iprosarude (Initiative pour la Promotion de la Santé Rurale et le Développement), la seule façon de  détecter les malformations congénitales  est de faire des échographies. Cependant, une faible participation aux consultations prénatales augmente le taux des naissances avec des malformations au Burundi.

Chaque année, plus de 7,9 millions d’enfants, soit 6 % du nombre total de naissances dans le monde naissent avec une malformation congénitale. Environ 7% de l’ensemble des décès néonataux dans le monde sont dus à des anomalies congénitales (OMS, 2008).

Selon Dr Thierry Nshimirimana, les malformations congénitales sont également appelées anomalies à la naissance. Bien que leurs causes soient souvent inconnues, certains facteurs génétiques et environnementaux, ainsi que les infections, augmentent le risque de développement de ces anomalies.

« Certaines malformations congénitales se font remarquer après la naissance, d’autres au contraire sont visibles par le truchement des échographies effectuées lors des consultations prénatales ». Dr Thierry  a-t-il poursuivi.

L’échographie,  détectrice des malformations congénitales

Au cours d’une grossesse, l’échographie permet d’étudier la vitalité et le développement du fœtus, de dépister des anomalies ou encore de déterminer le sexe de l’enfant.

Comme l’explique Dr Thierry Nshimirimana, une malformation congénitale d’un fœtus est détectée lors d’une échographie appelée échographie morphologique. Elle s’effectue normalement vers le 5ème mois de grossesse et permet de détecter précocement les problèmes qui nécessitent une prise en charge rapide. Parfois, elles ne sont pas compatibles avec la vie et dans ce cas, un collège de médecins peut décider avec consentement du couple, d’interrompre la grossesse. D’autres fois ces malformations sont compatibles avec la vie et dans ce cas, cette grossesse reste sous contrôle jusqu’ à la naissance du bébé qui subira par la suite une correction morphologique adéquate.

Malheureusement, le taux de participation à ce genre de consultations laisse à désirer au Burundi. Ce qui fait que les malformations congénitales se remarquent trop tard. Dans un rapport effectué par l’ISTEEBU en 2012, seules 33% des femmes enceintes effectuent le nombre recommandé de visites prénatales, 21% effectuent leur première visite prénatale à un stade précoce de la grossesse, 32% à 6 à 7 mois de grossesse. Ce qui compromet l’efficacité des soins prénatals.

Pourquoi ce faible taux de participation ?

La plupart des femmes enceintes, surtout en milieu rural ne font recours aux consultations prénatales que quand elles ont un malaise quelconque. Mais si elles se sentent en bonne santé, elles oublient complètement les consultations prénatales et les échographies.

Il y en a qui n’ont pas encore compris la plus-value de faire des échographies. « Sans mentir, je ne fais une échographie que quand je ne me sens pas bien. Par contre, l’échographie du deuxième trimestre de grossesse m’intéresse beaucoup, car là je peux connaître le sexe de mon enfant. Je ne vois pas l’intérêt de faire toutes les échographies », nous fait savoir Marie Goreth Mugisha, habitante de la commune Gishubi, en province de Gitega.

Barrière géographique

Le Burundi compte une quarantaine d’hôpitaux à structure publique et confessionnelle dotés d’un équipement permettant de faire des échographies. Dans les milieux urbains, on peut trouver aussi des hôpitaux privés disposant d’un service d’échographie mais, de toutes les façons, cela reste insuffisant.

Cependant, les longues distances à parcourir et les moyens de transport peu développés constituent une barrière à l’accès à l’échographie pour certaines femmes enceintes, surtout celles de l’intérieur du pays. La contreperformance des appareils et des techniciens peut constituer aussi une lacune.

Imaginez une habitante de la commune Gishubi de la province Gitega  qui n’a pas les 10.000 FBu de frais d’échographie dans un hôpital privé  et qui, à côté de la faiblesse découlant de la grossesse, est obligée de se lever tôt pour non seulement faire plus de 20km à pieds pour arriver à l’hôpital public de Gitega, elle doit attendre toute la file des patientes provenant des autres communes vu que cette province dispose de très peu de  structures sanitaires publiques pouvant effectuer des échographies.

« Nous devons faire des kilomètres pour accéder aux structures sanitaires disposant des services d’échographie. Ce qui n’est pas toujours facile vu la santé fragile qu’on a quand on est enceinte », nous fait savoir Mme Léa Iconayigize, de la commune Buraza, en province Gitega.

Signalons que le Burundi, ne dispose pas de statistiques sur les cas de malformations congénitales répertoriés dans le pays. Mais les gynécologues font savoir qu’ils assistent souvent à de tels cas. Iprosarude a implanté des cliniques dans les provinces. Cela facilite les mères enceintes des milieux ruraux  à accéder au service de l’échographie. Iprosarude invite cependant toutes les parties prenantes à contribuer à la diminution ou, à défaut l’éradication de ce fléau des malformations congénitales.